« Strip-tease, tout sur ma vie, tout sur mon art », l’autobiographie de l’artiste ORLAN
À travers son corps, l’artiste ORLAN interroge la société et elle-même sur des sujets tels que l’identité et la construction de soi.
Annie Colère, réalisé par Blandine Lenoir, est à travers l’histoire d’une femme, l’histoire des femmes. Sorti en novembre 2022, un mois après Simone, le voyage du siècle, Annie Colère nous transporte dans un tourbillon d’émotions : colère, espoir, tristesse, joie. Annie, par son engagement, nous démontre la force de la désobéissance civile dans la lutte féministe, en particulier pour le droit à l’avortement.
Laure Calamy joue une ouvrière attachante, Annie, qui, déjà mère de deux enfants, est enceinte d’un enfant non désiré. En 1974, les femmes possèdent peu de choix : garder l’enfant, ou avorter dangereusement. Annie décide donc d’avorter, timidement, dans une antenne du MLAC. Le MLAC, créé en 1973, est « le mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception ». Cette organisation est mise en place à la suite du manifeste des 331 médecins avec, comme but principal, la légalisation de l’avortement. Le MLAC est peu représenté au cinéma et peu étudié en général. Annie colère est un film qui, bien que composé de personnages fictifs, retrace avec fidélité l’histoire de ce mouvement jusqu’à l’explication de la méthode de Karman, méthode novatrice d’aspiration.
C’est au sein du MLAC qu’Annie est témoin de la bienveillance et de la solidarité féminine de l’équipe médical et militante. La douceur des femmes du groupe touche Annie et le spectateur à travers des scènes d’avortement d’une précision et d’une délicatesse rare au cinéma. Le MLAC, c’est une nouvelle éducation sexuelle complète qui est transmise aux patientes : entraide, anatomie, consentement, contraception. Il semble ne plus exister de tabou. D’héroïne réservée, Annie se transforme de jours en jours en héroïne engagée. Elle découvre son corps, le pouvoir de la lutte collective et s’inscrit dans l’histoire. Laure Calamy dit même qu’« elle va avoir accès à elle-même ». Le travail des costumières vient parfaitement souligner, sous-titrer l’évolution d’Annie. Son épanouissement dans le combat qu’elle mène inonde l’écran. Accompagnée par des femmes très différentes, elles sont unies par un même but : elles n’avorteront plus clandestinement.
Les ciné-débats organisés, le 2 décembre 2022 à Orléans par exemple, par la réalisatrice ainsi que Laure Calamy ont été l’occasion d’aborder l’histoire du mouvement féministe et plus particulièrement du MLAC et du planning familial. Des anciennes militantes étaient présentes, témoins de cette époque et partageaient avec les nouvelles militantes leur combat. Des débats très actuels ont aussi été abordés : droit à l’avortement révoqué aux Etats-Unis, quasi-impossibilité d’avorter en Pologne. Ces débats résonnent avec l’actualité française. En effet, malgré le projet de constitutionnalisation de l’IVG, entre l’attaque du planning familial de Bordeaux par l’extrême droite et la pénurie de pilule abortive à Lille, la bataille pour le droit à l’avortement reste nécessaire.
Le duo Blandine Lenoir et Laure Calamy, déjà marquant dans Zouzou, nous offre une nouvelle fois un film émouvant et inspirant. Blandine Lenoir est une actrice, scénariste, réaliste française qui ancre ses films dans une vision féministe.
Elle explique s’être inspirée de la thèse de Lucile Ruault sur le MLAC ainsi que de ses rencontres avec les anciennes militantes du mouvement. Laure Calamy est une actrice française, césarisée en 2021 avec le film Antoinette dans les Cévennes. Elle aussi très engagée, elle est membre du Collectif 50/50 qui promeut la diversité et l’égalité dans le cinéma. Annie Colère se place donc dans la continuité de leurs combats.
Un film à partager entre générations de militant.e.s.
Marion Bouzanène
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