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Working Moms, la maternité sous un nouvel angle

Working Moms met sous les projecteurs les problèmes de toute femme cherchant à allier vie professionnelle et maternité. Diffusée sur Netflix France pour la première fois en 2017, cette série canadienne (qui compte 7 saisons) vous emmènera dans le quotidien de 4 femmes – mais surtout 4 mères qui conjuguent parentalité et travail… comme elles peuvent !

Le groupe de parole de Working Moms © NETFLIX
Le groupe de parole de Working Moms © NETFLIX

Quand l'humour dévoile les tabous de la maternité

Si vous cherchez une série légère qui aborde des questions de société difficiles avec humour, alors on vous propose de découvrir Working Moms ! La série suit le quotidien de 4 femmes aux profils variés et liées par un groupe de parole autour de la maternité. Elles y discutent des challenges auxquels elles sont confrontées au quotidien : l’allaitement en public, la dépression post-partum, l’image de soi, la gestion d’une crise d’adolescence, la culpabilité, la contraception masculine, etc. Cette liste n‘est évidemment pas exhaustive, ce qui fait par ailleurs la richesse de cette série !

Les 4 profils représentés, bien qu’ils restent ceux de femmes plutôt aisées, sont assez diversifiés et permettent aux spectateur·ices de se retrouver dans la série. Dans les premières saisons, on suit ainsi le quotidien de :

  • Kate Foster – la mère workaholic, qui travaille comme si elle n’avait pas d’enfant, et élève son fils comme si elle n’avait pas de travail. Elle subit alors toute la culpabilité de ne pas être comme les autres mères parfaites en apparence.  Elle est incarnée par Catherine Reitman, également créatrice de la série.
  • Anne Carlson – meilleure amie de Kate, psychiatre et mère d’une jeune ado qui elle même découvre la puberté. Elle est jouée par Dani Kind.
  • Frankie Coyne – agent immobilier traversant une dépression post-partum et n’arrivant plus à gérer ni sa vie pro, ni sa vie de couple avec sa partenaire. Elle est interprétée par Juno Rinaldi.
  • Jenny Matthews – elle n’a pas créé de lien avec son bébé et regrette parfois sa vie d’avant ; c’est son partenaire (père au foyer) qui s’occupe du nouveau né. Elle est jouée par Jessalyn Wanlim

 

À travers un ton humoristique, la série représente la maternité dans toute sa réalité, parfois crue, difficile, humiliante et douloureuse. On se retrouve dans l’humour cynique des personnages et leur ras-le-bol du grand écart permanent qu’on leur demande de faire pour tout gérer. Comment allier carrière, famille, vie de couple et être présente pour ses amies, le tout avec le sourire ? La problématique de la dépression post partum est par exemple abordée avec candeur et honnêteté et n’est pas réglé en une seule séance de psychiatrie. Frankie souffre mais n’ose pas en parler avec ses proches, par honte de ce qu’elle ressent (contrairement aux autres jeunes mères qui semblent si heureuses).

Un regard féministe et moderne sur des questions difficiles

C’est aussi le regard réellement féministe et moderne sur des questions telles que l’avortement que l’on se doit de saluer. Face à l’arrivée de signes d’une grossesse inattendue et la perspective d’un troisième enfant, Anne et son mari décident de faire une liste des arguments pour et contre : une approche rationnelle menant à une décision qui n’en est pas moins difficile pour Anne. Elle sera aussi conseillée et accompagnée à la clinique par sa meilleure amie Kate.

Car au-delà de mettre en avant le poids colossal d’être une Working Mom, cette série est une réelle ode à l’amitié – ce qui tombe bien, par ces temps de remise en question du couple comme objectif de vie (Eh, psst ! Envie de creuser le sujet ? Ça commence par ici). L’enjeu de la maternité sera de nouveau exploré par la suite à travers le personnage de Sloane Mitchell (jouée par Enuka Okuma), CEO d’une grande entreprise choisissant d’avoir un enfant sans partenaire. La série a aussi un aspect éducatif et représente un futur dans lequel on est nombreuses à hésiter à se projeter !

Anne Carlson (Dani Kind) discutant avec son mari Lionel Carlson (Ryan Belleville) © NETFLIX
Anne Carlson (Dani Kind) discutant avec son mari Lionel Carlson (Ryan Belleville) © NETFLIX

Cependant, la volonté d’en faire un show humoristique devient parfois une limite. Nombreuses sont les scènes abordant la difficulté de l’allaitement au travail. Pour tirer son lait, Kate est obligée de se réfugier dans les toilettes de son bureau, mais oups, voilà qu’elle renverse tout et que sa veste est tachée, alors qu’elle a une réunion juste après ! Un humour un peu cru qui fait écho à beaucoup de vécus. 

D’autres problématiques mériteraient d’être mises en avant pour illustrer la réalité du tandem travail/parentalité. On pense notamment aux horaires aménagés ou au congé paternité, sujets encore timides (si là aussi vous souhaitez creuser le sujet, on a pas de pelle mais on recommande cet épisode du podcast Les couilles sur la table).

En dépit ces quelques limites, Working Moms reste une excellente série, abordant avec fraicheur et sincérité des questions féministes dont beaucoup n’osent pas parler. Malgré un focus très précis (le parcours de jeunes maman urbaines très aisées et blanches), la série s’adresse à un public plus large avec une volonté éducative et fait passer un message clair : être parent, c’est merveilleux mais c’est aussi un job à plein temps et laissant peu de place pour le reste.

Catherine Reitman, la working mom créatrice de la série

Working Moms a vu le jour grâce à Catherine Reitman, productrice, scénariste et actrice inspirée par sa propre expérience. En 2013, elle accouche de son premier fils et décide de retourner travailler en tant qu’actrice seulement 6 semaines plus tard. Mais sur le site du tournage, elle découvre de nouvelles difficultés en tant que jeune maman et traverse alors une dépression post partum : « J’ai toujours été incroyablement confiante sur le plateau. Mais maintenant, je remets tout en question. Je suis épuisée. […] Je ne suis ni intéressante ni drôle et je n’ai rien à apporter, si ce n’est de m’assurer que l’autre être humain que j’ai traîné sur cette Terre va manger, dormir et avoir un toit. Et, d’une certaine manière, je n’y parviens même pas ». Elle se confie alors à son mari, qui lui conseille de noter dans un journal son expérience. 

Extrait de la série Working Moms, Kate Foster y apparaît avec son fils, dans le bureau de la directrice de l'école
Catherine Reitman dans le rôle de Kate Foster © NETFLIX

Ces notes deviendront finalement le coeur de la série : « Avant que je ne m’en rende compte, j’étais en train d’imaginer six scènes vraiment désagréables mais très vraies. J’ai écris sur le fait que j’ai pleuré sur le plateau le jour de la fête des mères. J’ai écris sur le fait que j’ai dû pomper dans toutes les toilettes disponibles sur le plateau. J’ai écris sur tout ce que j’ai vécu en essayant de vivre ma vie d’avant – sans reconnaître que les choses ont changé. J’ai changé. Mon ancienne vie ne me convient plus. Et je n’ai pas encore grandi dans ma nouvelle vie ».

Si Working Moms est aussi sincère et vraie, c’est aussi car la série est tirée de l’expérience de sa créatrice. Qu’on accroche ou pas, on est au moins ravies qu’une femme nous raconte son expérience de la maternité, avec son propre regard de mère.

Même si cette expérience de la maternité prend place dans un environnement capitaliste et néolibéral sans grande remise en question de la place du travail dans nos vies, elle n’en reste pas moins une véritable odes aux mères et aux responsabilités que la société fait peser sur leur épaules.

Envie de voir Working Moms ? En France, les 7 saisons de la série sont diffusées sur Netflix.

Un article par
Muzo

Muzo

Petit museau renifleur de pépites pour les catégories Bandes Dessinées et Séries !

Lou

Lou

Eco-féministe et co-fondatrice de Toustes Un Art, ma vision de la lutte passe par la création d'espaces alternatifs.